Traumatisme simple et traumatisme du développement :
- sylviefraenkel
- il y a 7 jours
- 4 min de lecture
Quelles différences ?

Les symptômes du traumatisme simple (ou choc traumatique) et du traumatisme développemental sont souvent similaires, ce qui conduit fréquemment à leur confusion et à l'idée erronée que les mêmes approches thérapeutiques peuvent être appliquées.
Parmi ces symptômes, on retrouve par exemple : dépression, hypervigilance, trouble du sommeil, addiction, dissociation, isolement social, symptômes physiques, débordement émotionnel ou au contraire figement.
En réalité, les symptômes cachent des mécanismes sous-jacents très différents nécessitant des outils et des approches distincts.
Pour un accompagnement adapté du traumatisme du développement, il est important d'en distinguer les spécificités

Qu'est-ce qu'un traumatisme simple ?
Une expérience de vie qui dépasse les capacités d’intégration psychique de la personne
Un traumatisme simple ou choc traumatique résulte d’une expérience de danger unique, menaçant l’intégrité physique et/ou psychique. Cet évènement est d’apparition brutale, imprévisible et circonscrit dans le temps.
tel que les catastrophes naturelles, un cambriolage, un accident, un licenciement, une hospitalisation, un incident (panne ascenseur, panne de train,...), enfermement (confinement), séquestration, agression, viol, la perte d'un être cher, ou encore le chômage.
En raison de sa soudaineté et de son caractère circonscrit dans le temps, le traumatisme simple est aussi appelé choc traumatique.
Lorsqu'un tel événement se produit, le corps réagit par une réponse neurobiologique de survie, visant à échapper au danger et à mettre fin à la situation menaçante.
Notre biologie est conçue pour nous permettre de réagir face à un danger et de préserver notre vie. C’est l’instinct de survie

Dans un premier temps, la réaction de défense est particulièrement intense et se manifeste par un afflux d’énergie visant à permettre la fuite ou le combat. Ce mécanisme est orchestré par l’activation de la branche sympathique du Système Nerveux Autonome (SNA), qui prépare l’organisme à l’action : le rythme cardiaque s’accélère, les muscles sont mobilisés, et des hormones comme l’adrénaline (source d’énergie) et le cortisol (au rôle anesthésiant) sont libérées.
Il s’agit de la réponse bien connue de combat ou fuite

Lorsque la réponse de fuite ou de combat a pu être mise en place avec succès et que le danger est écarté, l'énergie mobilisée dans l'organisme peut se dissiper naturellement sans laisser de traces psychosomatiques.
En revanche, si cette réponse ne permet d'éloigner le danger, une deuxième réaction archaïque se déclenche : celle du figement, ou de la « mort feinte ». Pour cela, l’énergie d’action est bloquée par l'activation de la branche parasympathique du système nerveux autonome. L’énergie initialement mobilisée pour attaquer ou fuir reste alors prisonnière dans l’organisme, incapable de se décharger spontanément.
C'est l'état de figement
Si cet état de figement perdure, l’énergie bloquée dans le système nerveux autonome ne peut être libérée. Le traumatisme survient alors avec ses symptômes.
Ainsi, dans le cas d’un choc traumatique, ce qui nourrit les symptômes ce sont des réponses de combat-fuite-figement non résolues où l’énergie vitale mise au service de la survie reste bloquée dans le corps entrainant une dérégulation du système nerveux autonome.
Le but d’une thérapie sera d’aider la personne à sortir de l’état de figement et à achever la réponse de combat - fuite.
Les thérapies comme La Somatic Experiencing®, la Thérapie IR, l'EFT ou encore l' EMDR qui ont pour objet de renégocier l’évènement afin de libérer les émotions et l’énergie bloquée dans le système nerveux autonome sont particulièrement adaptées.

Qu'est-ce qu'un traumatisme du développement ?
Le traumatisme du développement, aussi appelé traumatisme complexe, désigne un type particulier de traumatisme :
Il s'agit d'événements traumatiques survenus pendant l'enfance, souvent répétés, parfois chroniques, et s'étalant sur une période prolongée. Ces expériences se déroulent le plus souvent dans un cadre familial ou interpersonnel. Plus ces événements précocement, plus leur impact sur le développement physiologique, psychologique et relationnel de l’enfant — et donc de l’adulte qu’il deviendra — est profond.
Le traumatisme développemental englobe à la fois des expériences traumatiques intenses (c’est-à-dire des chocs traumatiques) qui déclenchent des réactions physiologiques telles que le figement, mais aussi des expériences de vie marquées par l'absence de réponses adaptées aux besoins fondamentaux de l’enfant. Ces besoins incluent, entre autres, celui d’être accueilli et aimé, besoin de syntonie et d’accordage au sens de la théorie de l’attachement, besoin de développer son autonomie, et d’évoluer dans une relation de dépendance sécurisante et bienveillante.
Plus le traumatisme développemental survient précocement, plus ses effets physiologiques et psychologiques seront étendus et profonds.
Dans quel contexte ?
Ce type de traumatisme apparait dans un environnement familial négligent voire maltraitant mais aussi dans des environnements familiaux aimants mais dont les parents sont eux-mêmes au prise avec des traumatismes non résolus.
Ils sont alors incapables d'apporter les réponses émotionnelles et relationnelles nécessaires au bon développement de l'enfant.
En synthèse
Que l'on parle d’un traumatisme simple ou d’un traumatisme développemental, les symptômes observés sont souvent liés à une dérégulation du système nerveux autonome (SNA). Cette similitude amène souvent à les confondre, et à supposer que les thérapies efficaces pour les chocs traumatiques – comme la Somatic Experiencing ou l’EMDR – sont également adaptées au traumatisme développemental.
Pourtant, la cause de la dérégulation du SNA diffère selon le type de traumatisme.
Dans le cas d’un choc traumatique, il s’agit d’une réponse de type combat-fuite qui n’a pas pu se déployer jusqu’à son terme. L’énergie mobilisée pour cette réaction reste alors bloquée dans le corps, maintenant la personne dans un état de survie.
En revanche, dans un traumatisme développemental, l’événement traumatique affecte directement le système nerveux autonome, entraînant sa dérégulation. Ce déséquilibre influence ensuite la construction psychique de l’enfant, touchant profondément le développement de son identité. L’enfant en vient à refouler des parties authentiques de lui-même, à développer une honte toxique et un sentiment de haine de soi.
Il est donc essentiel que les approches thérapeutiques utilisées prennent en compte ces dynamiques internes – en particulier le rejet de soi, la honte et la haine de soi – comme les conséquences d’un processus adaptatif, et non comme des défauts à corriger.
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